Article du Jazz-Rhône-Alpes N°572 (28septembre 2015)
vu le mercredi 23 septembre 2015

Wings à la Soupe aux Choux

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"La gourmandise est le péché des bonnes âmes" (dicton populaire)

A concert déjanté, chronique délirante ! Délyrante, si elle peut !

Vous ne le saviez sans doute pas : la fée Clochette aime le chocolat. La fée Viviane a été séduite par la recette du Sucre d'orge magique du père Merlin (l'enchanteur bien sûr, pas le bricoleur). Et réciproquement : Mme Chocolat aime la fée Clochette. Elle voudrait que la fée Viviane lui transmette le secret du père mage de la forêt de Brocéliande.

En l'occurrence ce soir à la Soupe au Choux, le père Merlin, c'est Antoine Laville ; dont le piano très monkien du Hot-Club la semaine dernière, nous avait incité à venir écouter à Grenoble une chanteuse de talent ; dont il nous avait conté les mérites; et dont il est l'accompagnateur, dans le tout nouveau groupe "Wings".

Ah ! Nous avions plein de choses à découvrir !

D'abord une chanteuse pardon, une Sophisticated lady revendiquée (thème qu'elle chante bien sûr) à la coiffure de flammes, ornée d'une pivoine de taffetas ou de satin (Satin doll) ; chanteuse qui aime les fées (pas les méchantes naturellement ; Carabosse n'était pas invitée ce soir), les contes les enfants, et... le chocolat (plus généralement les confiseries, les douceurs, les bonbons, les sweeties et autres Marshmallows, pommes d'amour, reinettes et pomme d'Api. A tel point que ses ami(e)s la nomment... Madame Chocolat. Ce sera donc son nom de scène et son thème de prédilection. 

Et pour les ailes, les petites ailes ? Little Wings, c'est une chanson de Jimi Hendricks, puisque l'éclectisme est de mise. Et comme il est possible de pimenter le chocolat (au XVIIIème il se consommait salé, et liquide et comme remède. C'était la potion magique de la Marquise de Sévigné) et bien, Wings a invité devinez qui? Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille...trouverez-vous ? Ne trouverez-vous point ? (C'est trop facile de sauter une ligne pour lire les noms en caractères gras) ... Vous ne trouverez donc point. Et bien la très swinguante, très groovante, très bluffante, très troublante, très saxophonante, et en plus adorablement sympa... serait-ce elle ? Pas elle ? Mais oui, vous y êtes presque... Bon d'accord je vous aide, mais vous auriez dû deviner : Gaby Schenke bien sûr! A Pascal Fancéa a été confié le soin d'assurer le groove à la basse (et de faire quelques jolis chorus qu'il chante aussi, ce qui est chouette, recommandé et plaisant). A la batterie Lionel Lanoue s'étonne d'entendre et de voir autour de lui tant d'imagination.

Comme Madame Chocolat ne se prend pas au sérieux, nous l'entendrons aussi rire sur quelques approximations de "mise en scène et mises en bouche" (les petites ailes sont toutes fraîches, la fée sort juste de sa chrysalide), et quelques débarquements un peu aléatoires. A part cela soirée très sympathique due essentiellement à la voix pleine de promesse de Madame Chocolat (un joli vibrato léger et une belle tessiture), au swing d'Antoine et de Gaby, et à quelques thèmes réarrangés, surtout dans les paroles. Paroles, où, si j'ai bien compris (Ah la sono de La Soupe aux Choux ! l'année prochaine, ça risque d'être trop tard !), ailes rime avec airelles et dentelles, casserole avec profiterole et rock and roll, gourmandise avec friandise, Frim Fram sauce avec Fripes fringues choses, charlotte avec... Non ? Je n'y suis plus du tout ? Décidément je n'ai pas tout compris ! D'accord il y a eu une histoire de grappe ou d'abricot ou de figue, qu'il fallait lâcher ou farcir, je ne sais plus, que je n'ai pas bien suivi, parce que mon copain Bernard me tirait l'oreille pour quelque confidence...hum... patissière ! J'ai quand même bien entendu Sugar my babySweet dreamHoney suckle rose dans sa version française de JR Dubuy Toi ma sacharose et autres thèmes à l'eau de fleur d'oranger pas si faciles à bien jouer pour autant. Et puis, quelques scats, chorus d'harmonica (Merlin one more !)... et puis aussi Song for my fatherYou don't know what love is ...Ah la nuit à la Soupe aux choux ! 

Bernard Otternaud & photos Jazz-Rhone-Alpes.com 

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Le Antoine Laville Trio est susceptible d'accompagner Madame Chok'late... Voici un article tout récent extrait du Jazz-Rhone-Alpes

N°571 (21 septembre 2015)

Antoine Laville Trio au Hot-Club


Quelle excellente idée le Hot-Club de Lyon, a eu en invitant le pianiste Antoine Laville. Elève des pianistes Kenny Barron et Kenny Werner, pianiste accompagnateur d'Emmanuel Job et des Gospels River en Europe, et qui joua en 2000 en première partie d'un concert de Ray Charles. Adoubé par "le boss" ?

Le Hot club le présentait comme un pianiste également harmoniciste et compositeur est doué d'une grande sensibilité. Ce pianiste étonnant, doublé d'un pédagogue enthousiasmant fait donc de la musique. Et une musique qui swingue bien sûr mais avec finesse ce qui n'exclut pas la force.

Juste après un petit tour d'harmonica, du Coltrane pour commencer : le splendide Naima, dynamisé, dynamité, explosif, enchaîné à Crescent : incandescent comme il se doit, un Stella by Starlight revisité par Mc Coy Tiner, avec ces basses si caractéristiques, ces pentatoniques qui déménagent... Quelques belles compositions, beaucoup de Thélonious Monk I Mean you (thème exposé à la contrebasse par Marion Ruault brillante une fois encore, et ses chorus proposent des figures mélodiques et rythmiques vivantes et passionnantes) Autour de minuit, Well you need'nt (un chorus de Valentin Martel, tout en finesse ; beaucoup de groove et subtilité chez lui). N'oublions pas un Satin Doll incroyable, avec un turn around hallucinant de joie de vivre et de ferveur à la fin.

Ce concert de ce samedi nous a enthousiasmés comme peu de concerts ont réussi à le faire depuis pas longtemps. Si Antoine Laville a une vraie sensibilité, ce qui lui permet de composer de beaux thèmes aussi bien dans les ballades : Ballade avec de belles et riches harmonies que dans des thèmes très swing comme Payjazz, il a aussi et surtout une énergie incroyable. Loin d'être un bopper à la petite semaine, il s'empare de son piano avec volubilité et gourmandise. Il retrouve complètement l'esprit d'enfance. Son jeu très orchestral, ses trémolos mains droite avec mélodie à la main gauche, ses traits fulgurants, sa prédilection pour des accords chargés, pleins, ébouriffants, son plaisir communicatif de jouer réveillent une salle à demi pleine d'abord (mais que faites-vous devant votre télé oh lyonnais paresseux, quand il se passe de tels trucs dans la capitale des Gaules !) se remplira progressivement. Quelques SMS, le bouche à oreille, un petit restau terminé, et la salle est pleine. C'est avec une joie débordante que, debout le public ovationne le trio à la fin du concert. Un All blues en rappel, qui s'accélère avec une grande jubilation.

De l'énergie pour toute la semaine à venir ! 


Bernard Otternaud & photos Jazz-Rhone-Alpes.com 


 

 

Extrait du JAZZ-RHONE-ALPES N°486, 31 mars 2014

 Madame Chocolat invitée par le groupe Doggone Scat et le grand harmoniciste William Galison.

Doggone Scat & William Galison au Shag Café

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...Vous ai-je parlé de Georgia on my mind, interprété par Clara et William essentiellement ? Le regard de Mélanie est expressif, à la fin du morceau elle se lève du piano et dit à William : "je suis fan de toutes les femmes qui chantent avec toi." Il faut dire qu'un peu avant, nous eûmes une invitée surprise : "madame chocolat" (elle s'est présentée sous ce nom en précisant qeu c'était son identité sur Facebook - je n'ai pas vérifié), qui vient chanter Honeysuckle Rose (oh ma saccharose en VF), et elle envoie, superbe voix. Elle reviendra au final pour 'It don't mean a thing''.

 

Une soirée riche en émotions (l'harmonica doit agir sur les hormones humaines), en bonne humeur (que même les élections n'ont su entamer), en plaisir partagé. Nous eûmes droit à un magnifique contremploi, avec Monsieur Galison au piano et ma foi, j'en connais qui n'aurait pas donné le change aussi facilement. 

Je le répète, parce que si le talent est une évidence parfois le bonheur l'est moins : quand les musiciens ont un plaisir aussi palpable à être ensemble sur scène, le public s'en trouve comme contaminé. Ce qu'assurément il fut.

Je vais faire le rabat-joie, je ne vous dirais pas çe que Doggone Scat veut dire, mais mon excuse est valable : je ne saurai égaler l'explication de William Galison et faire moins vous gâcherait le plaisir. 

Marc Tresve